Les vraies raisons de la crise

Ce qui est marrant mais triste dans cette crise de la dette, c’est que les politiques, économistes et autres éditocrates qui prennent quotidiennement la parole sur le sujet de la dette ne sont même pas d’accord sur les origines et raisons qui font que nous en sommes là. Certains dénoncent les déficits publics, quand d’autres dénoncent avant tout l’arnaque de la construction monétaire de l’euro. Pour d’autres encore, tout est la faute de ces fainéants de grecs, de l’Allemagne, ou bien des voraces banquiers. La vérité est naturellement beaucoup plus complexe.

Il est toujours confortable de simplifier un problème. Chacun tente ainsi de tirer la couverture de son coté en mettant en avant les parties du problème qui les arrangent (là où ils font des propositions) tout en omettant consciemment (ou non) d’évoquer d’autres clés du problème. Au milieu de ce chaos analytique, nous peinons du coup à avoir une vision d’ensemble cohérente, et sommes du coup évidemment dans le brouillard quant aux solutions à apporter.

Ceci n’est pas une simple crise cyclique comme nous en avons vécu d’autres. Aux vues de l’ampleur des déséquilibres, nous sommes davantage face à la fin d’un système en bout de course. Les causes de ce déclin ont été bâties par des décennies de dogmes économiques, d’effritement démocratique et de ralentissement économique dont nous ne nous apercevons qu’aujourd’hui des ravages. Il est donc bien important de rassembler les éléments de compréhension afin d’apporter une réponse point par point à différentes crises qui alimentent l’effondrement global en cours. C’est ce que je vais tenter de faire dans cet article.

La croissance en panne

Tout d’abord, il y a une crise qui perdure depuis plusieurs dizaines d’années déjà : la crise de la croissance et de l’emploi ! En effet, la dette ne serait pas un tel problème si les perspectives de croissance du PIB étaient supérieures au taux moyen de la dette publique : nous pourrions rembourser, du moins dans un horizon de long terme.

La réalité est malheureusement très différente depuis la fin des Trente Glorieuses.

Overdose de crédit

Faute de croissance et d’emploi suffisants, les politiques et banquiers centraux ont voulu relancer l’économie en créant davantage de dette, qu’elle soit publique ou privée. Mais cette dette s’est heurté au mur de l’économie réelle, étouffée par une pile de dette déjà monstrueuse, par l’écrasement des salariés, et la concentration des profits dans les mains d’une minorité.

De sorte que, loin de relancer la croissance et l’emploi, cette injection de dette a créé d’autres déséquilibres : le surendettement des ménages, des bulles immobilières, l’entropie de l’État abreuvé de crédit facile. Des masses astronomiques de monnaie ont été déversées dans des secteurs économiques qui n’ont pas su créer la richesse correspondante à la promesse initialement attendue, provoquant ainsi l’éclatement de divers bulles, immobilière bien sûr mais aussi la bulle de la dette souveraine.

Crise de la finance

Mais à cela s’ajoute aussi une crise plus purement financière et bancaire. Il s’agit essentiellement d’une crise d’asymétrie de pouvoir. Les banques ont à la fois la meilleure connaissance des flux monétaires mais aussi un pouvoir de marché, le pouvoir de décider où va l’argent, d’influencer le marché par des techniques diverses. Mais surtout, elles ont ce pouvoir de prendre en otage le reste de l’économie, à commencer par leurs clients.

Bref, les banques ont le pouvoir d’abreuver l’économie de sa dose de crédit, ou au contraire, de la mettre à genoux, quitte à s’autodétruire avec elle. C’est ainsi que, mis à part le sacrifice de quelques boucs émissaires du genre Dexia ou Lehman Brothers, les banques survivent – par la grâce des banques centrales ou des généreux gouvernements –  aux crises systémiques les unes après les autres. Et pour cause : leur faillite couterait plus cher que leur sauvetage. Crise après crise, des milliards de dollars, d’euros, livres ou  yen, sont donc injectés par les banques centrales afin d’éviter la faillite systémique et afin de tenter de relancer l’économie par le crédit.

La spéculation et la titrisation, dans tout cela, sont de jolis détails, qui ont certainement aggravé le phénomène et ont rajouté une dose de spéctacularité. Mais le problème essentiel réside bien dans le fait que les citoyens n’ont aucune prise sur les flux financiers.

Et ceci s’explique notamment par le fonctionnement du système de réserves fractionnaires qui permet véritablement aux banques de prendre en caution l’argent de leurs déposants sans (ou si peu) droit de regard sur l’utilisation de leur argent, et l’émission de dette sans limites et sans rapport avec l’économie réelle, si ce n’est la pieuse foi d’une croissance future. Ce système brouille les responsabilités, et favorise donc l’irresponsabilité de tous, des banquiers comme des politiques et même dans une certaine mesure, des citoyens.

Privatisation de la monnaie

En plus du système de réserves fractionnaires largement contestable, les États de la zone euro se sont enchainés, par le Traité de Lisbonne, à la privatisation de la monnaie, qui rend impossible pour la BCE non seulement la monétisation de la dette mais surtout l’octroi de lignes de crédit qui permettrait très facilement aux États de se retirer du carcan des marchés.

Bien sûr, mettre la planche à billet à disposition des politiciens n’est pas une solution durable. L’Histoire l’a suffisamment montré. Mais cela dit, on ne peut non plus nier que se priver du pouvoir de création monétaire et confier aux seules banques privées la régulation de la masse monétaire est un problème majeur. La monétisation n’est pas une recette miracle, mais elle permet de réajuster le niveau de dette, de soulager les États, d’accompagner les mesures d’austérité et de faire fondre l’accaparement monétaire des plus riches. Tout est question de dosage et de contrôle.

On peut se réjouir que le sujet arrive aujourd’hui sur la table, mais il faut bien comprendre que le niveau du débat est vraiment médiocre car pendant trop longtemps, il a été interdit aux économistes, universitaires, et politiciens d’y réfléchir. C’est un véritable tabou qui est en train d’éclater.

L’étatisme dans l’impasse

Il y a ensuite bien sûr la crise des déficits publics. Le problème est ici peut-être plus clairement visible : nous avons d’un coté un système fiscal inefficace, injuste, opaque et à la merci de libéralisation des échanges de capitaux, et de l’autre un modèle social de redistribution des richesses lui aussi inefficace, car miné par la bureaucratie, ainsi que par l’entropie des décisions politiques par lesquelles on a multiplié les domaines d’interventions de l’État, les exceptions à la règle, les privilèges de certains etc. Le résultat est tristement évident : les dépenses s’accroissent inexorablement tandis que les recettes sont hasardeusement prélevées, conduisant à un déficit structurel.

Au final, nous avons rien de moins qu’une usine à gaz qui dépense au moins autant pour que le système tienne en place que pour redistribuer réellement les richesses. Ce système est d’ailleurs favorisé par le principe même de la dette, qui permet aux politiciens d’accumuler la dette sans avoir à en répondre ensuite. Encore une fois, les responsabilités sont diluées.

La dette arrange les riches

Il est très amusant de voir les grands donneurs de leçon s’élever contre l’état de la dette publique alors que celle-ci les arrange bien. Selon les calculs de Olivier Berruyer, 70% de la dette publique française est possédée par les 10% de français les plus riches. Je laisse la conclusion à Olivier, elle est suffisamment limpide :

Ainsi, les intérêts pompent de 2 à 4 % des revenus des 90 % les plus pauvres de la population, pour enrichir les 5 % les plus riches à hauteur de 4 % de leur revenu. La dette publique, c’est ainsi un impôt à l’envers : le contribuable (donc tous les Français) rémunère grassement l’épargne garantie sans risque des plus aisés de la population !

Ce phénomène est bien sûr accru par l’accaparement des richesses par une minorité, et la privatisation monétaire évoqué plus haut.

L’intégration européenne en panne

Les institutions européennes et la mauvaise construction de la monnaie unique sont également au cœur des problèmes. Une monnaie commune exigeait dès le départ une intégration économique plus poussée, notamment sur le champ fiscal. Le problème de l’euro tient essentiellement dans le fait qu’il n’y a pas de processus d’ajustement entre les différentes régions de la zone euro comme l’était avant le taux de change.

Si un pays comme la Grèce accumule les déficits commerciaux, rien ne permet que la tendance s’inverse, par exemple par une dépréciation de la monnaie locale, entrainant ainsi un retour de la compétitivité du pays, ou bien par une « dévaluation interne » c’est à dire une baisse des salaires, rendue impossible d’une part par l’inertie sociale, la rigidité du marché du travail, mais aussi tout bêtement par la dépendance des économies aux importations de matières premières, ainsi que, ne l’oublions pas, par le poids de l’endettement global de l’économie qui interdit de fait toute forme de récession déflationniste.

La faillite de la démocratie

Enfin et peut être surtout, il y une autre crise latente que l’on a tendance à omettre ou à mettre à part : c’est la crise des démocraties représentatives, qui ne représentent plus grand chose si ce n’est les intérêts de ceux qui financent leur propre représentation. La « démocratie » est en déni complet de la souveraineté des peuples, et de surcroit hermétique aux voix dissonantes, aux alternatives. Le pouvoir est maintenu dans les mains d’une minorité par le miracle (qui n’en est pas un) du pouvoir corruptible de l’argent, et de la collusion des intérêts entre gens qui se fréquentent, se connaissent ne serait-ce de par leur parcours étudiant et la reproduction sociale dont ils sont victimes et coupables.

La crise de la démocratie est bien évidemment éludée par les décideurs, à la fois par l’aveuglement du sentiment de bien faire, d’avoir des responsabilités, et parce que reconnaitre l’échec de ce système politique reviendrait pour eux à admettre leur inutilité, voire leur culpabilité dans cette histoire. Ce que tout homme normal tente naturellement de se cacher à soi-même, ne serait-ce que par un mécanisme de protection psychique.

Pourtant, nous aurions tort de mettre la faillite démocratique en dehors de la crise économique, car en prenant du recul, nous pouvons clairement établir des liens entre des décisions prises pseudo démocratiquement et des conséquences économiques majeures. Nous pouvons par exemple nous demander si nous serions dans la même situation si la loi de 1973 sur les prérogatives de la Banque de France ou le création monétaire par les banques avaient fait un jour l’objet d’un véritable débat démocratique.

Par ailleurs, on peut sans hésitation contester la légitimité d’une dette issue d’un système pseudo démocratique dont la représentativité est en vérité illusoire. Les décisions successives qui nous ont amené là sont prises par une minorité qui dévoie toujours plus le mandat pour lequel elle a été désignée. De sorte qu’il n’est pas légitime que les conséquences de leurs méfaits soient supportées uniquement par les citoyens « normaux ». Car même si nous sommes quelque part tous un peu coupable d’avoir cautionné des politiciens pourris, ce système a davantage profité à l’oligarchie qu’au reste de la population.

Pour une réponse globale

Nous pouvons le voir, il existe des liens étroits entre ces différentes faillites, défaillances et déséquilibres. Ils s’alimentent mutuellement, renforçant ainsi l’effondrement généralisé des structures économiques, politiques et sociétales.

Alors bien sûr, ce n’est pas d’un coup de baguette magique indolore que l’on résoudra le problème. Il faut répondre à chacun des aspects de cette crise de manière pertinente sans omettre les liens entre ces différents paramètres. C’est une réponse globale qu’il faut proposer. J’exposerai prochainement ma proposition pour se sortir de la crise, mais avant cela, nous pouvons d’ores et déjà établir quelques constats et principes de base qui nous mèneront vers des solutions viables :

  • Les déficits publics ne sont pas la seule et unique cause de la crise. Pour preuve, l’Irlande ou l’Espagne n’avaient pas de déficits primaires avant la crise.
  • La dette publique est intimement liée à la dette privée par le système bancaire : il faut donc réformer le système monétaire, mais aussi bancaire.
  • La course effrénée à la croissance est non seulement responsable de la situation d’aujourd’hui, mais est aussi coupable de la récession de demain. Il faut donc d’urgence arrêter de raisonner par le prisme de la croissance, et bâtir une économie plus résiliente qui n’a pas besoin de croissance ou de sur-consommation pour éviter son propre effondrement.
  • L’État n’est pas la solution. Seuls les citoyens, armés de leur éducation, de leur bon sens, et de leurs intérêts individuels et collectifs, sont susceptibles 1. de dresser des gardes-fous aux multiples dérives de la démocratie ou de la finance et 2. construire une économie durable sur le long terme.
  • Concernant le projet européen, il faut certes continuer à faire progresser l’Union vers plus d’intégration. Mais sans réforme de l’euro et du rôle de la BCE, ce projet demeurera intrinsèquement instable. Sauver l’euro n’est donc pas un objectif prioritaire.
  • De plus, l’intégration européenne ne peut se faire sans le consentement des citoyens, comme on le fait actuellement à longueur de sommets. Forcer l’Union des peuples est le meilleur moyen, au contraire, de les diviser. L’Europe doit donc également promouvoir un progrès social palpable pour les citoyens.
  • La dette est le fruit d’un échec de la démocratie : cette dette est donc en partie illégitime.
  • Nous sommes tous un peu responsables de cette situation et devrons donc tous payer un peu. Mais ceux qui ont profité du système jusque là doivent payer plus que les autres.

Sur ces bases là, un véritable débat peut avoir lieu. Autrement, on continuera de noyer le poisson pendant que l’oligarchie pisse tranquillement dans la rivière…


Illustration Paternité quapan

20 commentaires

  • Merci pour ce billet.

    Pour la partie sur la démocratie, Étienne Chouard m’a convaincu de la nécessité du tirage au sort, en particulier pour l’assemblée constituante. Par exemple dans sa dernière conférence (mais il y en a d’autres).

    Les arguments sont très bien résumés sur un site dédié à cette proposition : Le Message.

    Parce que ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir
    “Nous voulons une Assemblée Constituante démocratique, donc tirée au sort.”

    Au passage, une petite coquille : s/déficits publiques/déficits publics/

    • Merci ®om 🙂

      je suis également convaincu à 200% par le tirage au sort, qui a même subjugué mon vif intérêt à une époque pour la reconnaissance du vote blanc.

      A tous ceux qui passent : regardez la conférence de Chouard pointée par ®om !!

      Et merci pour la coquille… décidément je la fais toujours celle là !! 😀

  • Merci pour ton billet, c’est bien de remettre les choses au point. Mais entre nous, je ne trouve pas le problème complexe, c’est seulement les pseudo-spéicalistes qui en font un problème trivial!
    Je voudrais avoir ton avis sur ceci : de nombreux spécialistes américains désignent comme une des sources de la crise, l' »aboliton » de la séparation des banques d’investissement et de dépôt. Quelle place à cette source dans ton analyse ?

    Quant à ta remarque de fin:
    « Mais ceux qui ont profité du système jusque là doivent payer plus que les autres. »
    il faudrait pour cela que les profiteurs soient tout d’abord reconnus puis jugés coupables d’une quelconque escroquerie. Le problème, c’est que les lois ont été écrites pour que ces potentielles escroqueries soient « légales ». Comme tu le dis, chacun a profiter du système à sa mesure…
    Gardons notre énergie à réfléchir et à agir pour rétablir la démocratie et éviter que les excès que nous reconnaissons aujourd’hui ne se répètent dans le futur.

    • @sebdsl :

      sur la séparation des banques de dépôt et d’investissement, j’avais déjà un peu répondu à cette question dans cet article, à savoir qu’il s’agit d’une bonne mesure si l’on défend le système de réserves fractionnaires qui permet aux banques de prendre des risques illimités en créant de la monnaie par le crédit. Si l’on trouve ce système illégitime comme moi, alors cela implique de s’intéresser à l’antithèse de l’argent dette: le 100% monnaie.

      Ce système résout parfaitement le problème de la répartition des risques financiers puisqu’il revient à chacun de décider quoi faire avec son épargne. La banque ne peut plus prêter de l’argent à tout va, elle doit soit puiser dans ses fonds propres, soit demander à ses déposants clients s’ils acceptent de prêter à telle entreprise ou menage. Du coup, les responsabilités sont clairement établies, les risques et les rémunérations également.

      Pou moi c’est simple, ceux qui ont profité du système sont ceux qui ont acheté de la dette d’Etat. Imaginez vous bien que sur des dettes à 15 ou 30 ans, certains investisseurs ont déjà récupéré leur capital, juste avec les intérêts !!!! Et pendant ce temps, on va taxer les pauvres sur les sodas, l’alcool et les clopes pour continuer de « rembourser » ces gens ??? Non mais WTF sérieux.

      Donc en fait, il n’y a même pas besoin d’autre « tribunal » que celui du marché. Les investisseurs ont pris des risques pour toucher des rendements ? Qu’ils assument maintenant ! 😀

  • Très bon article, clair, concis, et pointu là où ça fait mal. Merci Stan.

    Par ailleurs, toujours la même question : Nous sommes nombreux, espérons-le, à être 100% d’accord avec tes analyses. Mais comment changer, compte-tenu des alternatives politiques proposées : presques toutes sont pires les unes que les autres et les quelques-unes qui proposent des mesures novatrices pour leur catégorie sont malheureusement sclérosées et décidées à ne pas changer fondamentalement le cadre (suivez mon regards… EELV). Vois-tu une autre alternative à l’action citoyenne de masse et la création de nouvelles forces politiques, radicalement détachées des précédents historiques ? Je pense notamment à l’ascension du PP en Europe, à titre d’exemple, même si leur cheval de bataille est encore trop spécifique (mais, cela pourrait changer ?). Sommes-nous prêt (collectivement) à soutenir un changement global et total, bien plus ambitieux et fondamental qu’une révolution ? Ce changement doit-il prendre pied dans le contexte actuel, en en suivant les règles ? Je souhaiterai connaître ta position concernant la voie de sortie : Comme l’indiquait Jorion, il faut réfléchir à l’après. Cet après, comment le vois-tu se mettre en place ?

    • Merci Jean-Baptiste !

      Ah oui toujours l’éternelle question : « alors on va faire comment ? »

      Avec ce qui est en train de se passer chez EELV, j’ai clairement perdu espoir pour eux. Et dire que Eva Joly en personne m’avait dit qu’elle ferait du revenu de vie une « mesure phare de leur campagne » !!! Pffffff….

      Je ne crois pas non plus aux petits partis car le système français est beaucoup trop verouillé pour cela. Au mieux, si tu as 500 signature, tu créera un peu de buzz, au pire tu te feras accuser de piquer des votes aux gros et ainsi de rouler pour Le Pen ou Sarko.

      La seule solution selon moi pour sortir de se traquenard est de jouer en dehors du jeu électoral. Il faudrait un mouvement citoyen qui ait au minimum 3 revendications : revenu de vie, démocratisation de la monnaie, tirage au sort des parlementaires. Ce mouvement aurait pour seul objectif de rassembler les gens et revendiquerait un droit de grève de vote tant que leurs idées ne seront pas défendues.

      Cela permettrait ainsi d’attirer l’attention et de faire pression sur les politiques sur le mode : adoptez nos idées sinon vous vous prendrez une raclée.

      Alors bien sur, on me retorque toujours que le vote blanc ou l’abstention n’est pas pris en compte lors du décompte des voix. Que ça va aider Le Pen etc.

      C’est un risque, effectivement. Cela dit, il faut être très clair : en deçà d’un certain seuil de participation, le prochain président sera parfaitement illégitime. Il suffit d’appliquer l’esprit des lois pour le comprendre.

      Si un président manifestement contraire aux intérêts et valeurs de le République était élu sans légitimité électorale, il conviendrait donc d’entrer en dissidence démocratique.

      Une fois que l’on est à l’aise avec cette énième proposition, alors on peut vaincre la peur que tous agitent pour nous forcer à « voter utile » ….

      PS : cela dit, j’aime beaucoup le PP. je pense qu’il faudrait en fait réunir tous ces partis, collectifs, indignés etc qui disent en fait un peu tous la même chose. Ca pourrait être l’objet de ce mouvement citoyen que de créer une plateforme commune entre tous. La popularité de chaque mouvement pourrait faire un bon levier de communication….

  • Cela me plaît.

    Je lisais justement tes liens et ceux de Rom1 concernant le tirage au sort des parlementaires. Je dois en lire plus pour me forger mon avis, mais l’idée me plaît. Le mouvement dont tu esquisses la forme avec ces trois revendications me paraît tout à fait approprié et faisable. Dommage qu’il n’y ait pas au jour d’aujourd’hui de comptabilisation des votes blancs (à inclure dans les revendications, tant qu’on y est (c’est fondamental, tu en conviens aussi))… Et concernant la diffusion du mouvement et des idées, quelles méthodes privilégier ? Meetings ? Internet, au risque de ne toucher que toujours et encore la même minorité (mais, est-elle toujoutrs si minoritaire ?) qui lit les mêmes blogs, les mêmes médias, et qui discute dans les mêmes groupes ? Action « visible », comme les #Occupy et divers mouvement d’Indignation ? La grève de vote n’est visible que lorsqu’elle est massive ET médiatisée pour ne pas être catégorisée dans de la simple abstention je-m’en-foutiste comme l’aime TF-Fin. Quel est, selon toi, un moyen efficace de toucher les gens à l’extérieur, ceux que l’on ne retrouve pas dans les groupes « revenue de vie » des réseaux sociaux, ceux qui ne lisent pas OWNI, Basta!, Tête de Quenelle, qui ne regarde pas les vidéos de Jorion, ne lisent pas les posts de Rom1, ou qui ne savent pas qui est Chouard ?

    Quand à faire le jeu des extrêmes, je reste d’accord avec toi : Une trop faible majorité d’élection rend l’election illégitime. Point. Ce qui mène immédiatement à la dissidence, nécessaire et souhaitable. Tout le problème est d’avoir suffisamment de gens qui s’abstienne de voter et le revendique…

    Merci encore pour tes contributions.

  • Tom

    Bravo. Je suis d’accord à 99%

  • Je pense que le pic pétrolier (atteint en 2006) mérite d’être cité dans la partie sur la croissance en panne.

    @Stan:
    « Il faudrait un mouvement citoyen qui ait au minimum 3 revendications : revenu de vie, démocratisation de la monnaie, tirage au sort des parlementaires. »

    La question est de savoir s’il est possible de rassembler une majorité derrière ces propositions. Personnellement j’en doute.

  • Pingback: Au delà de l'enfumage, les vraies raisons de la crise | La Coccinelle | Scoop.it

  • Peut-etre que mon exemple ci-dessous a ete explique, mais j’aimerai le presenter avec mes mots

    Dans le passage suivant:
    […] »Les banques ont à la fois la meilleure connaissance des flux monétaires mais aussi un pouvoir de marché, le pouvoir de décider où va l’argent, d’influencer le marché par des techniques diverses. Mais surtout, elles ont ce pouvoir de prendre en otage le reste de l’économie, à commencer par leurs clients.

    Bref, les banques ont le pouvoir d’abreuver l’économie de sa dose de crédit, ou au contraire, de la mettre à genoux, quitte à s’autodétruire avec elle. »[…]

    D’annees en annees depuis les trentes glorieuses les banques ont ete capable de voir ou etait l’activite qu’il fallait financer: industrialisation de l’europe/US puis de la chine, le levier du developpement petrochimique, puis de la voiture… le developpement des technologies de communication (Radio, TV), ainsi que les technologies du divertissement (Cinema et jeux videos entre autre), et dernierement les NTIC, avec le developpement d’Internet.

    Malheureusement, les banques n’arrivent plus a voir de nouveaux leviers, de nouveaux secteurs d’activite qui deviendraient temporairement locomotive de l’economie (comme cela a ete le cas depuis 50 ans). Developper l’Internet c’est accepter de laisser l’industrie de l’impression papier sur le carreau (la laisser en retrait), de meme que l’industrie de production de supports media (CD, DVD, UMD…). Mais aussi l’industrie de l’automobile a cause du developpement rapide du covoiturage et du car-sharing, et donc la petrochimie… Les banques n’arrivent pas a voir de levier dans la cooperation et le partage.

    Tant que les banques (qui detiennent la monnaie) ne voient pas cela, elles se retrouvent a bloquer elles-meme toute chance de relance par ‘cette methode classique’.
    Bien-sur si elles decidaient de s’y lancer, sans doute que cela fonctionnerai temporairement le temps de creer une bulle et de la faire exploser…

    J’ai surtout l’impression que les banques ont decides de se soutenir elles-meme: developpement de la speculation financiere et du High-Frequency Trading…

  • @WilnocK:
    L’Internet ne tuera pas l’industrie de l’impression papier à court terme, beaucoup de gens préfèrent les livres papiers à la lecture sur écran ou papier électronique.

    L’Internet n’a aucune responsabilité dans le déclin de l’industrie automobile, simplement on ne peut pas construire toujours plus de voitures et/ou les vendre toujours plus cher, surtout quand la source d’énergie qu’elles utilisent est en voie d’épuisement. Le développement du covoiturage est la conséquence du pic pétrolier (il n’y a que le porte monnaie qui fait changer les comportements), pas d’Internet.

  • Je m’exprime tres mal, la semaine a ete longue
    Bien sur que l’Internet ne tuera definitivement aucune industrie, quelqu’elles soient. Il existe toujours des marechaux-ferrants au XXI eme siecle forte heureusement.

    Ce que je souhaite exprimer: les banques, qui sont les ‘seules’ a etre capable de determiner la valeurs d’un secteur d’activite (en attribuant des credits a tel ou tel secteur) sont actuellement incapable de voir la valeur de l’economie du partage de l’echange et de la cooperation. Les banques percoivent la valeur du developpement des infrastructures reseaux, presentez a une banque un dossier pour le developpement d’un reseau, vous serez certainement accepte (peut-etre plus en France, a l’etranger, il reste beaucoup a faire). Par contre, comme les banques (toujours elles) ne percoivent plus de valeurs dans les industries classiques (voir exemples cite ci-dessus), nous sommes face a un desequilibre: il n’y a plus assez de credits en circulation…

  • Oui Wilnock, et c’est exactement ce que dénonce la TRM de Stéphane Laborde !

    le système actuel n’est pas relatif car les banques s’octroient le droit de décider de ce qui a de la valeur ou non dans l’économie. De leurs décision dépend tout le reste, et certains secteurs se trouvent donc sous-arrosés de monnaie tandis que d’autres en ont trop.

    Ce n’est donc pas un système relatif, c’est un système arbitraire.

    Le dividende universel est aujourd’hui la meilleure réponse à cela, car il redonne le droit à chaque citoyen de décider ce qui a de la valeur ou non tout en reconnaissant de base la participation de chacun à la création de valeur dans l’économie.

  • Merci pour le boulot que représente ce blog, c’est une chouette source d’info que je n’hésite pas à relayer, bonne continuation! 🙂

    • Merci Didier ! (j’adore le nom de votre blog, que je ne connaissais pas 🙂 )

      [edit : à mais c’est sérieux en plus, vous vous présentez vraiment ! ça m’apprendra à écrire trop vite]

  • Ben oui tant qu’a faire plutôt que de simplement râler j’essaie de passer à l’action… Y a encore du boulot! 😉

  • Un immense merci
    Je me sens soudain un peu moins seule! Entre ne pas se laisser envahir par une terrible colère et d’envie d’appel à la révolution -sous sa forme violente-, ne pas être convaincu par le moindre parti politique, ne pas savoir pour qui voter tout en ne voulant laisser passer ni Le Pen ni Sarkozy, ne pas simplement se dire « ras le bol! je vote pas, non Hollande vraiment pas, et pourtant j’ai essayé mais j’y crois pas » tout en étant culpabilisé par le « vote utile », voir qu’il n’y a aucun vrai changement, ni rien de novateur, tout en se disant, et pourtant…on a tellement de possibilités…ne rien connaître à l’économie -une littéraire…- et pourtant sentir que dans l’argument de « la dette »…un peu pratique pour nous faire renoncer à un désir de changement….et le vote blanc pas comptabilisé etc…pfpfpfpfpfpfpfp…au secours, de l’air! Et ce soir, en vous lisant, j’ai une putain de bouffée d’air frais
    MERCI

  • @Cholé : merci à vous également ! ce genre de commentaire est très stimulant pour moi aussi 🙂

    On va pas se laisser faire !! 😉

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