Revenu de base: peu importe le montant !

Le montant du revenu de base est une question qui divise souvent ses partisans. Pourtant, c’est en vérité une question secondaire au regard de toutes les autres embûches qui se dressent face à cette révolutionnaire idée.

1.000 euros pour les plus téméraires, “suffisant” pour la plupart, un peu moins pour d’autres, sur la question du revenu de base, chacun ou presque à sa réponse. Il faut dire que selon le montant, les effets attendus du revenu de base ne sont pas les mêmes.

D’un coté, certains craignent qu’un revenu de base trop bas ne change rien, puisque cela ne serait qu’une simplification fiscale et comptable, transparente pour le pouvoir d’achat des plus pauvres, et sans effet sur les comportements des gens. Cela pourrait même être pire que le système actuel, nous disent certains, avec des refrains du style :

Un revenu de base de 400 euros, ça se serait uniquement un bon moyen pour la méchante droite libérale de donner d’une main ce qu’elle nous retirerait de l’autre : nos acquis sociaux !

Cette réaction quelque peu allergique soulève néanmoins un point important : pouvoir faire la promesse que “personne n’y perdra” est un argument majeur face aux peurs que l’idée suscite chez certains.

De l’autre coté, l’hypothèse d’un revenu de base trop élevé fait craindre à plus d’un que le dispositif ne devienne trop incitatif à l’oisiveté, sans compter le problème que pose alors son financement. « Les gens n’y sont pas prêts » arguent encore ceux que l’idée séduit mais sans convaincre. C’est triste à dire, mais ils ont un peu raison : dans le contexte d’aujourd’hui, les belles idées sont ignorées quand elles semblent irréalistes.

D’autres, comme Yoland Bresson ou Stéphane Laborde, ont une autre approche. Refusant une certain forme de contructivisme, eux ont calculé un montant théorique du revenu de base, qu’ils évaluent tous deux à environ 15% du PIB, soit environ 400 euros.

Après, même en étant défenseur de l’approche monétaire de Laborde, rien n’empêche de considérer que le peuple, parce qu’il a été privé de dividende universel depuis trop longtemps, mériterait bien largement une compensation. C’est à dire un revenu de base plus élevé dès le départ, pour “rattraper le temps perdu” (dont l’oligarchie a bien profité). Quitte à le diminuer progressivement ensuite.

Au delà de ces querelles, un consensus semble malgré tout se former autour de la notion de « suffisance » : le revenu de vie doit suffire à couvrir les besoins de base, permettant à ceux qui désirent en faire le choix de ne pas travailler (moyennant certains sacrifices), mais sans pour autant garantir une vie de luxe. A quel niveau nous situerions-nous ? Entre 600 à 750 euros, semble acceptable.

Mais…

Attention aux modalités !

Première chose à bien avoir à l’esprit : annoncer un montant sans préciser le système fiscal qu’on lui adjoint ne veut strictement rien dire. Exemple concret, imaginez :

  • Un revenu de base de 450€ avec une taxation globale de 25% de tous les revenus
  • Un revenu de base de 650 euros financé par une TVA à 50%

De 200€ de différence en valeur faciale, les deux options sont en fait quasi équivalentes en terme de pouvoir d’achat : environ 330 euros !

Et cela n’est pas neutre ! Dans le premier cas on a certes moins de pouvoir d’achat mais, dès que l’on travaille un peu, on touche tout de suite plus. Dans le second cas, on a un système plus interventionniste qui taxe davantage les revenus. Donc la désincitation à travailler est plus forte.

Autre élément important : est-ce que l’on touche aux allocations contributives telles que les pensions de retraite ou les allocations chômage ? Si oui, 450 euros est clairement insuffisant. Dans le cas contraire, on peut considérer qu’il est du ressort de chacun que de compléter son revenu de base en alternant période de travail et période de chômage, cotisant ainsi pour ses ASSEDICS où pour sa caisse de retraite. La proposition de Marc de Basquiat va dans ce sens, et permet de ne pas “choquer” toute une catégorie de personnes – notamment les générations des Trente Glorieuses – que la théorie de la “fin du plein emploi” laisse de marbre…

L’urgence : combattre les freins

Autre chose qu’il faut vraiment garder à l’esprit : pendant que nous nous disputons sur ce sujet, ce n’est pas comme si 98% de la population ignorait tout de l’idée même du revenu de base ! La triste vérité, c’est que l’idée de donner ne serait-ce que 2 euros à tous les citoyens sans en contrôler l’usage ni regarder si la personne “mérite” cet argent semble aujourd’hui absurde ou immorale pour la majorité de nos concitoyens.

Et c’est normal : les règles de notre société sont encore fondées sur le mythe selon lequel l’argent est équitablement versé à tous par le travail, le mérite, bref la valeur que chacun crée dans la société. Pour la plupart des gens, il faut nécessairement travailler pour mériter un salaire. C’est cette fausse idée qu’il faut parvenir à détruire dans la conscience collective.

Et pour cela, je ne suis pas sûr que promettre 1.000 euros par mois soit une bonne idée… On va se mettre à dos une bonne partie de la population avec de tels discours, qui ne tarderons pas à nous traiter de « démagos »… à tort peut être, mais peu importe, le fait est que le message ne passera pas.

Au contraire, commencer par un petit montant que l’on augmenterait progressivement pourrait être plus pertinent : on prouverait ainsi à tous les sceptiques que non, le revenu de base ne “détruit pas la société”, ni ne conduit à une hyperinflation, ni ne rend tout le monde paresseux du jour au lendemain !

A l’image des expériences menées à travers le monde, l’important, c’est de faire goûter à l’idée à nos concitoyens ! Ils en deviendront au moins aussi “accrocs” que nous !

Je suis vraiment fière de recevoir l’Allocation du revenu de base et elle doit se poursuivre dans tout le pays, afin que nous puissions vaincre la pauvreté en Namibie. Pour que d’autres puissent goûter ce que nous avons goûté. (source)

Même les politiciens n’y résisteront pas :

La bolsa familia est tellement populaire au Brésil qu’aucun politicien n’oserait la remettre en question ! (source)

A ce stade, il faut bien nous mettre dans la tête que c’est un véritable combat politique qu’il s’agit de mener. Le revenu de base est censé dépasser les clivages, mais il ne peut  totalement omettre l’état actuel de la société et des mythologies qui l’animent. Il faut construire le revenu de base dans ce qui existe, sans faire table rase du passé.

Provoquer l’impulsion !

Au final, je pense donc qu’il faut vraiment mettre de coté les considérations de montant. Elles nous divisent pour pas grand chose alors que tant reste à faire.

En somme, n’oublions pas le message de Enno Schmitt & Daniel Häni, dans le film qu’ils ont produit : le revenu de base est avant tout une « impulsion culturelle », un processus de libération des énergies humaines ! Chaque étape vers le revenu de base provoque un effet cliquet dans les engrenages d’une société qui marche à l’envers. C’est de ça qu’il s’agit, pas d’un ridicule montant !


Illustration PaternitéPartage selon les Conditions Initiales kenteegardin

42 commentaires

  • Comme tu as raison ! Le sujet du montant est délicat. D’un côté il doit permettre de couvrir les besoins fondamentaux (se nourrir, se loger, se vêtir, se soigner, s’éduquer). D’un autre il ne doit pas donner au sceptique des arguments pour crier au scandale.

    Et puis surtout, le débat autour du montant (qui est incontournable pour sa mise en application) occulte trop souvent celui prioritaire sur le principe même du revenu de base inconditionnel, et les opportunités nouvelles qu’il laisse entrevoir.

    Le revenu de base inconditionnel est un nouveau paradigme, et la formule « Provoquer l’impulsion ! » de ta conclusion est tout à fait adaptée (clin d’œil à Véronique).

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  • pupuce

    « le revenu de vie doit suffire à couvrir les besoins de base, permettant à ceux qui désirent en faire le choix de ne pas travailler (moyennant certains sacrifices), mais sans pour autant garantir une vie de luxe. A quel niveau nous situerions-nous ? Entre 600 à 750 euros, semble acceptable. »

    >>>>>bullshit de petit droitard décomplexé!!

    acceptable?
    ah ouais?
    essaie de vivre avec, tiens.
    sisi, essaie.
    allez fais pas le rat. juste un mois.

    comment tuer une idée, si belle soit-elle?
    en la laissant défendre de cette manière.

    c’est un merveilleux travail que tu fais là, padawan. bravo. c’est comme si en 45 on avait inventé la sécu en disant qu’on rembourserait l’acceptable et en situant l’acceptable à hauteur de deux consults de généraliste annuelles. ou si on avait mis le niveau des retraites à l’acceptable de genre 2 baguettes de pain par mois.
    il a fallu à peine un demi siècle pour tuer la sécu malgré la belle idée du départ…c’est maintenant une arme de meurtre massif. mais chut. oh non faut rien dire, hein.

    alors pour le revenu de base présenté comme ça je pense qu’on peut espérer que ça ouvre des portes à laisser crever encore plus de gueux en genre quoi, deux ans, cinq maxi?

    un joli petit revenu de base tout ridicule, suppression de toutes les aides sociales actuelles, ouaip, moi là j’ai dix ans d’espérance de vie, avec ton plan je passe à 5 maxi, c’est cool.
    je pense qu’en effet présenté comme ça ya pas de souci, les élites dominantes vont adorer ton idée.
    moi je m’arrangerai pour qu’on cite ton nom sur ma tombe dans ce cas, histoire que la postérité retienne ton rôle.
    de rien. service.

  • l’hypothèse d’un revenu de base trop élevé fait craindre à plus d’un que le dispositif ne devienne trop incitatif à l’oisiveté

    Éloge de l’oisiveté (Bertrand Russell) (texte en pdf en français)

  • ropib

    J’ai du mal à comprendre comment un impot sur le revenu à 25% pourrait être aussi juste qu’une TVA à 50% en fait: en jouant sur la TVA on touche effectivement à la consommation de tout le monde, avec un impot sur le revenu à 25% on touche principalement la consommation des bas salaires. Ces deux exemples ne me semblent pas du tout équitables. Sans compter qu’il n’y a pas de raison pour que les salaires restent stables: en agissant sur la TVA le paiement d’une prestation serait valorisée avec la prise de risque et l’entreprenariat, en alignant l’impôt sur le revenu on valorise la différenciation du mérite et on consolide le salariat (il n’y a pas incitation au travail, il y a toujours la même peur du chômage).

  • Aurélien

    Citation : « C’est triste à dire, mais ils ont un peu raison : dans le contexte d’aujourd’hui, les belles idées sont ignorées quand elles semblent irréalistes. »
    Vu que les idées « réalistes » nous emmmènent droit dans le mur, il va bien falloir élargir ses horizons.
    Un exemple d’idée « réaliste » : la Grèce où on baisse le pouvoir d’achat de la population tout en espérant relancer la consommation. Y’a pas du paradoxe là ?

    En cas de rdb élevé, la désincitation à travailler touche le travail salarié, pas les activités non salariées.
    Au contraire, un rdb plus élevé encouragera les activités non salariées (garde et éducation des enfants, entrepreneurs indépendants, bénévolat…) qui sont aussi bénéfiques à la société, donc on ne peut pas prévoir si globalement l’activité se réduira ou augmentera.

    pupuce est énervé mais son argument est correct : avec 750 euros, on est loin de vivre décemment, notamment à Paris.
    Un des avantages du rdb étant de simplifier les procédures et en finir avec l’arbitraire de la bureaucratie, conserver les allocs chômage en complément nécessaire est absurde. Donc il faut un rdb élevé qui se suffise à lui-même.

  • @pupuce : tu as raison : ne risquons surtout pas de changer la donne dès maintenant. Attendons sagement qu’une hypothétique gauche se réveille et mette en place un revenu de base à 1000 euros !

    Plus sérieusement, 750 euros + pour tes enfants (entre 300 et 400 euros mini) ben je veux bien admettre que je ne connais ni ta situation ni n’ai l’expérience d’avoir une famille à charge mais il me semble que ça peut difficilement être pire qu’aujourd’hui.

    D’autant que l’inconditionnalité du revenu de base permet plus facilement de s’insérer sur le marché du travail ou de se lancer en free-lance (moins de contraintes) et ainsi de compléter son revenu.

    Enfin, j’aimerais souligner que si je ne suis pas opposé à commencer par implémenter un revenu de base d’un montant assez bas, c’est aussi parce que la gauche n’aura alors plus d’autre choix que d’accepter le débat sur ce sujet, et devra donc faire une contre-proposition plus progressiste !

    Ce sera sa seule solution pour (re)devenir crédible dans ce contexte !

    @Aurélien : sur le « notamment à Paris » c’est pour moi un mauvais argument. Si le cout de la vie à Paris est trop élevé c’est justement du à l’absence de revenu de base ! Paris est une ville trop dense en population car tous les emplois y sont concentrés. Dans le paradigme du revenu de base, cela n’a plus de sens, et l’on pourra donc imaginer que l’île de France se dépeuplera sensiblement. Ce qui ne serait à mon avis pas une mauvaise chose du tout…

  • @ropib :

    C’est bien ce que je dis: le choix de la fiscalité est loin d’être neutre. Cela dit, je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous : la TVA ne touche pas tout le monde de la même manière car la propension à consommer des riches est pus faible passé un certain seuil de revenus. Du coup ‘avantage d’une flat-tax que j’évoque sans nommer, c’est qu’elle touche aussi les revenus du capital.

    Cela dit, je suis aussi séduit par l’idée de taxer la consommation (plutôt que le travail) car effectivement, il me semble plus logique de taxer en fin de cycle de création de valeur, comme vous l’expliquez à juste titre.

    Bref, en fait j’imaginerais bien un mix TVA social + flat tax en accompagnement d’une suppression de la plupart des charges salariales & patronales …

  • ropib

    @Stan> Lordon avait émis une idée, il y a longtemps, de limitation des rendements boursiers à des nombres à 1 chiffre. Je pense aussi qu’il faudrait bien plus de transparence sur les revenus, non pas à un niveau individuel mais par métier (quel est la part du management, de l’administration… dans l’entreprise), et ce de manière publique. Enfin il faut mettre en place des règles de commerce équitable avec une vision universaliste et structuraliste (le commerce équitable est aujourd’hui pragmatique et opportuniste: ça donne des résultats directs, mais ce n’est pas généralisable). Après il y aura toujours des hauts revenus (et de toutes façons les très hauts revenus échappent à toute taxe, ou s’il y a des taxes qui fonctionnent, ils les font peser sur leur source de revenus), il faut juste essayer de trouver des moyens pour qu’ils n’enrayent pas toute l’économie comme c’est le cas aujourd’hui.
    Il est vrai que l’impot progressif est une acceptation de l’inéquité des rémunérations, ce qui n’est même pas pérenne pour les entreprises. Pour l’instant c’est difficile de faire autrement.

  • La proposition de Jacques Marseille sur le blog « postjorion »
    http://postjorion.wordpress.com/2012/03/17/234/

  • Merci Stan de montrer toutes ces façons de voir le revenu de base. Comme les commentaires le montrent également, il y a un sacré paquet d’avis sur la question et il s’agit bien de fédérer ce que nous avons en commun pour faire avancer l’idée et d’écouter ce que nous avons de différent pour peaufiner sa mise en œuvre.

  • Pingback: Revenu de base: peu importe le montant ! | Tête de Quenelle ! - 16.3.12 | Revenu de Base Inconditionnel - Contributions francophones | Scoop.it

  • Je ne voudrais pas être trop critique sur cette idée du revenu de base mais pour l’avoir défendu depuis 1995, j’en suis maintenant un peu « revenu » compte tenu des contraintes mondialistes que nous subissons de manière de plus en plus violentes; supprimons d’abord une partie de ces contraintes et on en reparle 😉

    Pour ma part je me contente actuellement de défendre l’idée de de Villepin d’un « revenu minimum de dignité » (aucun adulte ne doit avoir de revenus inférieurs à un certain montant, disons 80% du smic, cumulable déprogressivement a) qui serait à mon sens plus utile qu’un revenu de base de faible montant.

  • Une mauvaise touche m’a fait envoyer ce message alors que j’étais en train de compléter  » (aucun adulte ne doit avoir de revenus inférieurs à un certain montant, disons 80% du smic, cumulable déprogressivement a) »
    qu’il faut donc lire:
    « (aucun adulte ne doit avoir de revenus inférieurs à un certain montant, disons 80% du smic, cumulable dé-progressivement avec un revenu du travail) »

  • @A-J Holbecq >

    Je devine que ton inflexion (j’ai failli écrire renoncement) est lié à une lassitude et surtout à une volonté de voir aboutir une solution concrète, plutôt que de continuer à défendre un idéal qui te parait peut-être de moins en moins atteignable.

    Le problème, c’est que la proposition de de Villepin marque une rupture avec le principe d’inconditionnalité, ce qui est pourtant fondamental. Je comprends qu’un revenu de base d’un faible montant puisse paraître insuffisant, mais il me semble essentiel d’obtenir un consensus sur l’inconditionnalité, puis après de négocier le montant.

    Je peux évidemment me tromper…

  • @JeffRenault

    Il y a beaucoup de cela … bien vu: et pour ma part je préfère voir une amélioration sociale que ne rien faire du fait rejet ou au contraire d’un dogme « inconditionnalité » qui sera – je pense – rejeté par la majorité de la population

    Je pense que pour pouvoir faire passer cet éventuel Revenu Citoyen il doit être considéré comme « revenu de dignité »
    – ne doit être appliqué que proportionnellement à l’âge entre 0 et 18 ans (1/18°, 2/18°, 3/18°… etc…)
    – doit être dégressif suivant les revenus à partir du smic

  • @A-J Holbecq >

    Il se peut que tu aies raison sur le potentiel rejet de l’inconditionnalité (pour tous et sans contrepartie) par la population. Mais c’est aux promoteurs d’exposer en quoi c’est essentiel, non en tant que dogme, mais en tant que fondement du pacte social.

    Je ne nie pas la difficulté que tu décris, et en un certain sens tu es bien plus pragmatique en t’en remettant au principe de réalité. Rien de reprochable en cela. Au contraire.

    Néanmoins, philosophiquement, le concept n’est plus le même, et s’apparente davantage à une mesure de traitement social du chômage qu’à un changement de paradigme. Ce n’est plus la même chose, et l’assimilation en devient gênante.

    Jeff

  • @JeffRenaud

    Je ne vois pas le « Revenu Minimum de Dignité » de Villepin, un peu amélioré (en pparticulier pour les enfants) comme une mesure de traitement social du chômage mais plutôt comme une mesure de traitement sociétal de la pauvreté (pauvreté inacceptable dans notre société). Il faut que le RMD permette, comme son nom l’indique, de vivre « dignement »

    Politiquement de plus, une telle proposition aurait plus de chance d’être portée par des élus que le revenu inconditionnel pour tous

    Mais ce n’est que mon avis 😉

  • @A-J Holbecq >

    Il reste que cela suppose un contrôle régulier des ressources pour savoir à quel niveau du seuil de dignité l’allocataire se situe, et c’est l’un des avantages du revenu de base inconditionnel de ne pas imposer l’épreuve du guichet. Souvenons-nous que 50% des personnes qui pourraient prétendre au RSA ne le touchent pas (soit ils ignorent qu’ils y ont droit ; soit ils renoncent quand ils sont confronter à l’indignité de devoir se justifier). L’avantage de revenu de base inconditionnel est aussi dans la suppression des contrôles en amont (critères d’attribution) et aval (contreparties, évolution de la situation).

    En tout cas, cela invite à la réflexion, et nous sommes tous d’accord pour considérer que la pauvreté est inacceptable dans la 5ème puissance économique du monde. Comme le disait fort justement Baptiste Mylondo au colloque de Montreuil le 31 mars 2012 sur le revenu de base inconditionnel :

    Le question de la faisabilité et du financement ne se pose en réalité pas. Il est tout simplement absurde que la France, 5ème puissance économique mondiale, n’arrive pas à garantir à chacun un revenu au moins égal au seuil de pauvreté (50% du salaire médian). Le revenu de base inconditionnel n’est pas un coût ; c’est un investissement.

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  • @A-J Holbecq >

    Je suis un peu en retard dans les commentaires, mais je voudrais revenir sur un de vos points.

    Qu’est ce qui vous pousse à proposer ceci:

    … ne doit être appliqué que proportionnellement à l’âge entre 0 et 18 ans (1/18°, 2/18°, 3/18°… etc…

    A première vue, cela ne me paraît aucunement réaliste de donner 1/18 de revenu de « dignité » pour un nourrisson. Pouvez-vous en dire plus sur votre réflexion?

  • @sebdsl
    Les besoins grandissent avec l’âge.
    Mais ce n’est pas la seule justification de cette proposition: la plus importante est – me semble t’il – d’éviter la critique que le RMD (ou le RC pour ceux qui le défendent) pousserait à une politique nataliste (peu souhaitable dans l’état actuel de la surpopulation).

    @JeffRenault
    Oui, « l’épreuve du guichet » me semble un petit inconvénient; mais ceux qui bossent (contraints et forcés ou non) subissent aussi quelques épreuves, non?

  • @A-J Hollbecq

    éviter la critique que le RMD (ou le RC pour ceux qui le défendent) pousserait à une politique nataliste (peu souhaitable dans l’état actuel de la surpopulation).

    Votre proposition provoque ainsi en moi la critique que le RMD pousserait à une politique anti-nataliste et anti-enfants! Par exemple, je vous demanderai : quid de la dignité des mères seules élevant un enfant en bas-âge et surtout des enfants eux-mêmes ? S’il y a bien une catégorie sociale qui devrait en priorité bénéficier d’une contribution sociale, c’est bien ces familles monoparentales, très souvent très mal loties !
    Je pense qu’il est très dangereux de « conditionner » ou simplement associer un RMD à un autre aspect de la vie politique. Cela empêche tout raisonnement objectif et est carrément contre-productif, puisque vous perdez ainsi des défenseurs ardues d’un RMD qui n’auraient pas le même point de vue que vous sur un sujet totalement étranger! Ne mélangeons pas les débats !

  • Concernant les besoins qui grandiraient avec l’âge, j’ai trouvé un document exemple pour les coûts associés à l’enfant: http://www.ccsd.ca/francais/statistiques/famille/index.htm
    Le tableau comparatif par âge se trouve en bas de page. La colonne « services de garde » serait à mon avis à supprimer pour notre discussion.

  • @sebdsl
    D’accord, je reconnais donc mon erreur de penser que les besoins croissaient avec l’âge. Mais je reste dans l’idée qu’une famille de 5 enfants ne doit pas recevoir 7 revenus citoyens « pleins », surtout que l’actuel quotient familial fait qu’ils ne seraient pas imposables sur ces revenus.

    • @AJH : le quotient familial serait naturellement une des premières mesures à supprimer si on mettait en place un revenu de base en France.

      (à ce propos voir cette belle démonstration de Marc de basquiat sur le sujet : http://allocationuniverselle.com/quotient-familial.htm )

      Ce même Marc de Basquiat prône d’ailleurs pour conserver des aides au logement plus ciblées, notamment pour continuer d’aider les personnes isolées.

  • toto

    Belle discussion. (pi bon texte a la base)

    Sebdsl : merci pour tes justes reflexions.

    a propos du lien sur l’allocation universelle, quotient familial, une remarque :
    « Pour les plus démunis (comptant statistiquement 0,47 enfants par foyer social), une diminution de l’aide sociale de l’ordre de 30 €/mois en moyenne correspond à un budget national annuel de 540 M€ qui pourrait être affecté à des mesures spécifiques d’accompagnement. »
    Je sais pas, je trouve ca touchant moi, on enleverait encore de l’argent aux plus démunis, pour encore les « accompagner » (ne surtout pas lire : les prendre pour des idiots, voyons)

  • toto

    (sauf si j’ai mal compris, c’est possible, j’suis fatiguée)

  • @A-J Holbecq

    Mais je reste dans l’idée qu’une famille de 5 enfants ne doit pas recevoir 7 revenus citoyens « pleins », surtout que l’actuel quotient familial fait qu’ils ne seraient pas imposables sur ces revenus.

    Les modèles actuels ne parlent que d’une demi-part par enfant, soit 4,5 revenus « pleins » (quotient familial supprimé comme l’indique Stan). Une objection tout de même??

  • @sebdsl

    En fait je me suis laissé « embarquer » 😉 dans cette discussion sans trop le vouloir … mais regardez mes commentaires; je préfère (pour le moment) l’application du Revenu Minimum de Dignité (qui n’est donc pas un Revenu Citoyen inconditionnel) et donc, pourquoi pas, une « extrapolation » du RMD pour les enfants à raison d’une demi-part de RMD en remplacement des allocations familiales 😉

  • sobatkoz

    Le montant lors de sa mise en place n’a pas d’importance.

    Je suis convaincu que le revenu universel a vocation à être un outil qui permet d’adapter la demande à l’offre d’emploi.

    Son montant peut être adapté, en fonction du taux de chomage constaté, afin d’influer sur la motivation des travailleurs potentiels.

    Le montant ne se décrète pas, il n’est pas nécessaire de le calculer, il résulte d’une constatation empirique. Je n’exclus pas un montant de 200E, ou 1000E, selon les impacts sur le marché de l’emploi.

  • Lambrecht Christina

    Bonjour Stanislas, nous nous sommes rencontrés à l’European Citizens Initiative, la semaine passée. Deux jours intéressant pour le Basic Income. Je suis l’organisatrice pour le groupe Belge. Je trouve ton argumentation très intéressante et oui, le revenu de base: peu importe le montant, plus important en effet est de combattre les freins, ainsi que de provoquer l’impulsion. Dans mon essai http://www.ecovaproject.org/revenu-de-base-dignite-humaine.htm je propose l’instauration progressive du RBI: c’est à dire commencer par les jeunes -qui ne font pas partis de le génération des trentes glorieuses…-par exemple: lancer le RBI à partir des enfants nés en 2000: un RBI pour la petite enfance, un RBI pour les enfants qui vont à l’école, ensuite pour les étudiants jusqu’à un certain âge, disons 25, puis pour le groupe entre 25 et la retraite, disons 65 (jusqu’à la fin de leur vie) En même temps cela permet de laisser s’éteindre en douceur et progressivement tous les autres systèmes (Chômage, allocation familiale, allocation retraite etc.) C’est aussi un moyen de provoquer positivement l’impulsion: avons-nous pas tous en nous ce rêve de laisser un monde meilleur et plus juste à nos enfants? J’ai 4 petits-enfants et c’est pour eux que je soutiens à 100% l’idée du RBI. Bien à toi et peut-être à Paris cet été. Christina

  • @Christina
    Je pense qu’il y aurait un problème constitutionnel d’égalité devant la loi.

  • Arthur

    C’est émouvant, cette discussion entre gens qui pour la plupart ignorent ce qu’est d’être pauvre et ce qu’est d’avoir faim. Maintenant dites-moi, braves gens : envisagez-vous sérieusement de diminuer les minimas sociaux ? Parce que mon RSA + mon allocation logement + mes prestations connexes (transport, culture, etc.) explosent largement votre budget de 750 euros. Et oui, j’ai du mal à survivre. Et si j’ai bien compris, le revenu minimum de base implique qu’on arrête toute autre prestation – ou alors il faut le dire, le clamer, le dire et le redire haut et fort.

    Alors sérieusement, vous voulez encore réduire le peu que je perçois ? Et vous espérez me convaincre que vous avez raison ?

    J’aime aussi beaucoup l’argument sur le risque qu’un revenu minimum trop élevé (juste de quoi se nourrir correctement est peut-être déjà trop) serait « désincitatif » à travailler ou à reprendre du travail.? Outre qu’il semble vous avoir échappé que du travail il n’y en a plus (constat qui est à la base de l’idée du revenu minimum de base, en tout cas c’est ce que j’avais compris), vous oubliez complètement que ce revenu minimum serait en principe versé à tous de manière inconditionnelle, qu’on travaille ou pas. Et voilà qu’il s’agirait d’inciter les pauvres à travailler !

    C’est que les pauvres sont feignants, c’est bien connu, alors on les empêche de bouffer et forcément, ils iront casser des cailloux pour pas grand chose, histoire de mettre un peu d’épinards dans leur gamelle (pour le beurre dans les épinards, ce sera plus tard, très tard, trop tard).

    Des fois je crois que je rêve, et puis non je ne rêve pas : c’est tout éveillé que je fais un cauchemar. Ma

    • @ Arthur : qui a parlé de réduire les minimas sociaux ?

      Le RDB n’est acceptable que s’il ne réduit pas les acquis sociaux mais les complète et les prolonge.

  • ropib

    @Arthur> Il y a un certain nombre de questions qui se posent derrière la situation que vous présentez. Et ce n’est pas parce qu’on parle de revenu universel qu’on répond à tout, la mort est la seule solution définitive et totale à toutes les problématiques en même temps.

    On peut retenir l’idée que « Chaque étape vers le revenu de base provoque un effet cliquet dans les engrenages d’une société qui marche à l’envers ». Ça ne résout pas tout, donc, ça permet en revanche d’orienter la société vers une recherche de solution(s), et d’éviter le cynisme systématique.

  • Arthur

    @Stan : « qui a parlé de réduire les minimas sociaux ? »
    Vous, je crois. Mais je retiens ceci : maintien impératif du niveau de ressources de chacun, tout inclus bien évidemment, et ceci de manière inconditionnelle. Très au dessus de 750 euros pour la plupart des gens, donc.

    Conclusion : peu n’importe donc pas le montant, contrairement au titre de votre article.

    @Ropib : « Il y a un certain nombre de questions qui se posent derrière la situation que vous présentez. »
    Il y a la question de la survie alimentaire ; évidemment pour certains c’est un moindre détail. Mais vous parlez de la mort comme seule certitude (Parisot, elle n’évoquait que la maladie !) et c’est sûr qu’un pauvre mort crie moins fort qu’un pauvre encore vivant… Les propos de Sobatkoz ne vous écœurent pas ? Moi, ils me font penser qu’entre lui et le genre humain, il y a plus qu’un gouffre : il y a une guerre civile en gestation.

    ——-
    C’est curieux quand même que le même débat reviennent toujours, et que vous autres ne compreniez pas ça : rendre les pauvres plus pauvres, c’est une ignominie. Il y a un terme à la misère et la perte de dignité, savez-vous ?

    Je fais une proposition concrète : que désormais chacun s’exprimant sur le niveau du revenu du base ou sur son financement commence par préciser son niveau de revenu et son patrimoine. Au moins, on saurait qui parle et en fonction de quel vécu (je n’ose dire : de quel intérêts, et puis tant pis je le dis quand même). Voilà qui clarifierait bien des points de vue.

  • @ arthur : c’est certainement un malentendu puisque je dis bien dans l’article qu’il est important que “personne n’y perde” (parmi les moins riches, j’entends)

    Mon titre est bien entendu un peu provocateur. l’idée n’est pas de dire que le montant n’importe pas, mais qu’il est réducteur et peu opportun de réclamer un certain montant (ex : 1000 euros).

    L’important, c’est de mettre en place l’inconditionnalité sans diminuer la protection actuelle. Une fois cela fait, on pourra alors réellement avoir un débat sur le montant.

  • @Arthur quelle est ta position personnelle dans ses questions d’évolution sociale? de quoi rêves-tu quand tu rêves vraiment?

  • ropib

    @Arthur> Je reformule: votre situation est complexe, il n’y aura pas de formule magique qui puisse régler tous les problèmes de tout le monde. Le revenu de base est disruptif et permettra de désamorcer la rhétorique des cyniques, leur tarte à la crème du « mérite » qui empêche toute avancée sociale.
    Vu les malentendus sur cette discussion, je ne suis pas convaincu du plus de de clarté entraîné par une transparence « essentialiste ». On peut échanger sur les parcours de chacun, c’est enrichissant, mais mettre une étiquette à chacun ne suffit pas (que ce soit pour les riches ou pour les pauvres). Si des valeurs peuvent être universelles je pense que leur mise en œuvre doit être la plus locale possible, voir personnalisée dans le meilleur des mondes.

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